Le Musée d’anatomie
Présentation
En 1794, la Révolution Française bat son plein. La guerre sur deux fronts, civile et étrangère, décime les troupes de la jeune république. Le corps médical militaire se raréfie. Des chirurgiens capables et en nombre accru sont indispensables. Un décret de la Convention Nationale du 24 décembre 1794 (14 frimaire an III) ordonne la re-fondation de trois Écoles de Santé à Paris, Montpellier, Strasbourg, pour former les médecins et les chirurgiens nécessaires.
La Convention, manifestant sur ce point un esprit réaliste, stipule à l’article 6 du décret que chaque École de Santé doit posséder un Conservatoire comprenant un cabinet d’anatomie avec des pièces destinées à l’enseignement, une série d’instruments de chirurgie et une collection d’histoire naturelle médicale.
L’École de Montpellier eut, le 26 frimaire, son Conservatoire, futur Musée d’Anatomie, avec Joseph-Guillaume Virenque comme premier conservateur.
En 1795, l’École de Médecine quitte ses locaux anciens et vétustes pour ses locaux actuels, le monastère Saint Benoît, réquisitionné. Le local attribué primitivement au Conservatoire peut être sensiblement situé, d’après les documents de l’époque, sur l’emplacement de l’actuel cabinet décanal, et peut-être de la salle de délibération voisine.
Les locaux étaient exigus, et les ressources manquent pour donner à la nouvelle institution le développement qu’elle mérite. Des demandes de fonds sont alors adressées à Paris à maintes reprises et le 28 frimaire an III, l’École se plaint de l’insuffisance de ses instruments chirurgicaux, qui sont, dit-elle « plus propres à meubler les ateliers d’un artisan qu’un arsenal de chirurgie ».
Les collections anatomiques, elles aussi, sont au départ à peu près nulles, mais elles ne vont pas tarder à prendre leur essor lent et sûr qui les a amenées au point où nous pouvons les contempler aujourd’hui. Les premières collections entrées au Conservatoire le 12 messidor an III, non sans peine, nous prouvent les documents, sont celles qui proviennent de la succession Joubert dont fait partie l’écorché de Houdon. Ensuite, le Conservatoire s’enrichit de pièces disséquées par les prosecteurs de l’École, notamment Bernard Delmas qui devint professeur d’accouchement.
Situé dans l’actuel cabinet décanal, le Conservatoire se trouve alors dans l’extrémité occidentale de l’aile Sud qui confine au rempart. Lorsqu’en 1795, le 29 prairial an V, soit deux ans après la création du Conservatoire, la Municipalité fait abattre le rempart, des mesures de protection des collections durent être prises.
Une décision de l’École, prise le 4 brumaire an VII, prescrivait à chaque élève candidat aux examens définitifs la présentation d’une pièce anatomique naturelle ou artificielle destinée à être déposée au Conservatoire. Ce fut la source d’un enrichissement progressif quoique de valeur inégale.
Parallèlement aux collections anatomiques, les collections d’histoire naturelle médicale se développent, avec même une prédilection de la part des premiers conservateurs Joseph-Guillaume Virenque, Jacques-Philippe-Raymond Draparnaud, un chimiste et un naturaliste plus portés à s’intéresser au « droguier »qu’à l’arsenal anatomique et chirurgical. C’est cependant à cette époque que le Musée reçoit de Florence les intéressantes pièces anatomiques de cire modelées par Félix Fontana.
Sous la gestion de Joseph Anglada (1803-1809), le Conservatoire acquiert d’autres pièces de cire exécutées par Laumonier de Rouen, puis par son disciple montpelliérain Delmas, chef de travaux.
Une riche collection de poissons exotiques, due à la succession d’Auguste Broussonnet, entre à cette époque dans ses vitrines.
Vers 1815, l’abondance des collections d’une part, et l’exiguïté des locaux insalubres de l’autre, justifient un changement de résidence. Le 1er juillet 1817, le Conservatoire trouve asile dans une salle plus spacieuse, située au rez-de-chaussée de l’aile occidentale, qui a par la suite longtemps conservé le nom de « Ancien Conservatoire ».
Les années qui suivent voient se poursuivre un afflux de richesses, essentiellement des pièces anatomiques. Ce sont tout d’abord des dissections procurées par les concours, mais aussi d’intéressantes pièces d’anatomie pathologique adressées par des chirurgiens montpelliérains tels que Jacques-Mathieu Delpech, Jean-Pierre Lallemand, Joseph-Marie Dubreuil, Antoine Dugès, Frédéric Bouisson.
Puis, sous la direction du conservateur Gaspard-Emile René (1823-1835), les collections s’enrichissent de pièces de carton-pâte représentant diverses lésions viscérales, exécutées par le docteur Thibert, et de pièces en cire (collection Dupont) figurant les principales lésions cancéreuses et vénériennes.
En 1845, le Conservatoire est à nouveau à l’étroit. Les richesses anatomiques qu’il ne peut accueillir sont dispersées dans divers locaux. La Faculté obtient l’autorisation d’édification d’un nouveau bâtiment, achevé en 1851.
Il se greffe, sur l’emplacement de l’ancien rempart, selon un angle légèrement aigu, sur l’aile méridionale dont elle reproduit le style. Voici comment Justin Benoit, conservateur en 1850, qui a inauguré le bâtiment, le décrit :
« La salle du Conservatoire occupe tout le premier étage. Elle a la longueur entière de l’édifice et se trouve divisée en quatre parties par des colonnes intermédiaires de l’ordre dorique revêtues en marbre imitatif (vert antique). De grandes et belles armoires sont placées au pourtour de la galerie. La partie supérieure des murs a été peinte en grisaille par M. Monseret, qui y a représenté les diverses sciences qui se lient à la médecine. Le plafond, d’une élévation en rapport avec la longueur de la salle, a été décoré par M. Baroffi, avec un soin qui fait honneur à cet artiste. On y voit des médaillons représentant les hommes qui ont illustré la science médicale ou les sciences accessoires ; ces médaillons sont dus à l’habile pinceau de M. Monseret ».
La construction du bâtiment du Conservatoire en 1851 a été suivie, en 1867, de l’édification du pavillon d’anatomie qui le prolonge vers le Nord. Les pièces destinées à la recherche et la salle de dissection qui leur font suite se trouvent au rez-de-chaussée, donc sur un plan inférieur à celui du Musée.
Au cours du siècle qui suit, le Musée ne reçoit que des changements relativement peu importants, hormis de nouvelles acquisitions. Après Benoit (1850), Pierre-Denis-Jules Quissac (1853), Joseph Grynfeltt (1879) et Auguste Bimar (1885) apportèrent leur activité à maintenir dans le Conservatoire l’état parfait des collections et à les enrichir. Cet afflux d’acquisitions (anthropologie, anatomie comparée, embryologie, tératologie, anatomie pathologique) impose cependant de disposer au milieu de la salle dans le sens de la longueur, un double rang de vitrines.
Plus près de nous, Constant Lapeyre (1915) et Paul Gilis dirigent l’activité du service. Nous devons au premier de belles dissections de pharynx et au dernier des pièces anatomiques ainsi que l’acquisition de moulages et de pièces de cire. Le professeur P. Gilis fixe en 1919 l’état du musée anatomique en dessinant une vue synoptique de la salle où sont indiquées les seize armoires cotées de 1 à 16 qui font le tour de la salle, les 22 vitrines situées au milieu du vaisseau et 11 vitrines complémentaires avec mention, pour chacune, de son contenu.
En 1927, à son départ, les fonctions de conservateur furent supprimées et le Conservatoire fut rattaché à la chaire d’anatomie.
De cette date à 1952, le Professeur Jean Delmas, puis le Professeur Georges Laux, lient leur activité à celle du Musée, qu’ils enrichissent de moulages et de coupes originales. L’injection dans les vaisseaux ou canaux de matières plastiques avec corrosion consécutive, permet de montrer de façon saisissante l’étendue et les modalités de distribution des réseaux artériels ou veineux, ou des canaux excréteurs des divers viscères : foie, poumon, placenta, pancréas. De même, l’inclusion dans des blocs de matières plastiques des coupes de systèmes nerveux permet la constitution de pièces anatomiques démonstratives et de maniement facile.
Actuellement, le musée est placé sous la direction du Professeur F. Bomel. La Faculté en assure les visites, la conservation et les apports nouveaux des collections.
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Infos pratiques
Visites
Les visites guidées sont organisées par l’Office de Tourisme. Pour plus d’information :
Contact
2, rue de l’École de Médecine
34000 Montpellier
Tél. : 04 34 43 35 80
Courriel
Le Musée ATGER
Présentation
Avec ses mille dessins et ses quelque cinq mille estampes, le Musée Atger, niché au cœur des bâtiments historiques de la Faculté de Médecine, est le plus ancien musée de Montpellier. Sa présence en ces lieux peut sembler insolite : nul dessin médical, aucune planche d’anatomie pour la justifier, mais au contraire une collection d’œuvres d’art, signées des plus grands noms comme d’artistes plus méconnus.
Pourtant, cette localisation n’est en rien le fruit du hasard : elle résulte au contraire d’un choix mûrement réfléchi et délibéré, celui du collectionneur montpelliérain Xavier Atger (1758-1833). C’est lui en effet qui fit don à la « Bibliothèque de l’École de Médecine » , par livraisons successives entre 1813 et 1832, des œuvres qu’il avait collectionnées avec passion sa vie durant.
Abritée dans les anciens salons d’apparat de l’évêché, au premier étage de la Faculté, la collection Atger constitue un ensemble de haut intérêt artistique : on a pu dire, eu égard à leur valeur, que les dessins du Musée formaient la deuxième collection française après celle du Louvre.
L’École française est la mieux représentée, avec quelques chefs-d’œuvre, comme les douze dessins de J.H. Fragonard, dont les portraits (Portrait de M. Bergeret, Le Postillon, Homme au tricorne, etc.) témoignent tout particulièrement de la finesse et du talent. Hubert Robert, Watteau, M.L.E. Vigée-Lebrun, Oudry, et pour le XVIIe siècle, Philippe de Champaigne ou Charles Lebrun composent un panorama varié et de grande qualité. La collection française se caractérise également par la forte présence d’artistes « méridionaux » : le montpelliérain Sébastien Bourdon, le nîmois Charles Natoire (dont le musée possède 67 dessins) ou le marseillais Pierre Puget en sont quelques exemples.
S’ils ne sont pas les plus nombreux (136 au total), les dessins de l’École italienne comptent néanmoins parmi les plus beaux du Musée Atger. Les plus grands noms s’unissent pour former une collection prestigieuse : le Guerchin, les Carrache, le Dominiquin, Locatelli, le Titien ou Tintoret sont quelques-uns des plus célèbres.
Mais le fleuron de la collection est sans conteste le vénitien Giambattista Tiepolo. Avec ses vingt-six dessins, le Musée Atger possède la plus importante collection publique française de cet artiste. Il y fait montre d’une verve et d’une vivacité exceptionnelles : ils semblent avoir été exécutés d’un seul trait et leur force suffit à elle seule à faire comprendre la préférence d’Atger pour le dessin, cet art où il voyait « une chaleur, une énergie et une expression » rarement égalées dans les tableaux, ces « copies coloriées » (X. Atger, Notice des dessins…, 1830).
L’École du Nord, enfin, rassemble les artistes allemands, polonais, belges ou suisses, mais surtout flamands et hollandais, parmi lesquels on peut citer Brueghel, van Dyck, Jordaens et bien sûr Rubens, dont le musée possède deux dessins aux thèmes classiques.
Il faut rajouter à cet ensemble les estampes, souvent présentées dans de volumineux albums, et une trentaine de tableaux, dont le plus marquant est celui de Michel Serre représentant un épisode de la Peste de Marseille en 1720 : le quai de la Tourette.
La mise en valeur des collections, dans des locaux prestigieux mais exigus, prend diverses formes. L’exposition permanente de la moitié des dessins dans des armoires-vitrines permet au visiteur un contact exceptionnel avec les oeuvres : c’est une des spécificités très appréciées du Musée Atger, particulièrement importante pour les dessins qui exigent cette intimité du regard.
Les prêts à des expositions nationales ou internationales, la publication d’ouvrages sur les dessins (C. Nicq, Petits et grands maîtres du Musée Atger, 2 vol., 1996-1997) et de cassettes vidéos, l’édition de cartes postales sont autant de moyens de faire connaître le Musée. Plusieurs projets sont à l’étude : mise au point d’un site web, élaboration de « parcours » thématiques au sein des armoires, aménagement d’une troisième salle d’exposition. Leur mise en oeuvre permettra au public d’admirer dans des conditions encore améliorées cette exceptionnelle collection.
Infos pratiques
Contact
2, rue de l’École de Médecine
34000 Montpellier
Tél. : 04 34 43 35 80
Courriel
Visites
Visites libres et gratuites le lundi, le mercredi et le vendredi, de 13h30 à 17h45.
Visites de groupes sur demande au 04 34 43 35 80 ou par courriel.
Fermeture : congés de de Noël, jours fériés et cinq semaines en été (fin juillet-fin août).
Montpellier
CS 59001
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Nîmes
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