Commémoration de l’Armistice du 11 Novembre 1918

Mardi 12 novembre 2024, la Faculté de Médecine Montpellier-Nîmes a commémoré l’Armistice du 11 novembre 1918.

Après qu’un porte drapeaux ait ordonné le « Garde à vous » pour marquer le début de la cérémonie, Madame la Doyenne a accueilli toutes les personnes présentes, les représentants de la ville et de l’université, les militaires, les professeurs en toge, le personnel de la faculté et les étudiants. Bon nombre de ces derniers portaient la faluche.

Le Président de la corporation des étudiants de médecine de Montpellier, Nathan Montels, a lu un texte faisant le lien entre les deux biographies choisies cette année et rédigées par M. Gilles Morlock :

Les deux hommes dont nous honorons la mémoire aujourd’hui ont tous deux côtoyé le Doyen Gaston Giraud qui était encore interne à l’époque de la première guerre mondiale.

Maurice Warnery avait un lien d’amitié avec Gaston Giraud. Avec Edmond Salager, ils appartenaient à la Société des Sciences Médicales et Biologiques de Montpellier dont Gaston Giraud était le Secrétaire. Un hommage leur fut rendu à la fin de chaque bulletin de cette société de 1919 à 1939.

Ce lien qu’ils avaient avec le Doyen Giraud qui a ensuite dirigé la Faculté durant la seconde guerre mondiale donne à cette cérémonie une dimension particulière.

Mme Marianne KERMAC, étudiante en médecine et vice-doyenne étudiante a lu la biographie de M. Maurice WARNERY

Maurice Warnery, nait  à Montpellier le 22 janvier 1894 Il est le fils de Charles Warnery et Marthe  Leenhardt, cinquième d’une fratrie de 8 enfants. Élève du Lycée de Montpellier de 1905 à 1911, bachelier en 1911,  il est  licencié ès-sciences en 1913, et commence ses études de médecine en novembre 1912. Parallèlement, il a une activité sociale importante, au sein de l’Association des Étudiants Chrétiens, et dans de nombreuses œuvres menées par son père, notamment au sein de la Mutualité Française dont le congrès national se tint à Montpellier peu avant la guerre. Nommé externe des hôpitaux au concours de 1913, Maurice Warnery devient membre de la Société des Sciences Médicales et Biologiques de Montpellier en 1914. Comme tous les jeunes gens de sa génération, son  parcours prometteur fut stoppé net par la mobilisation, alors qu’il terminait sa deuxième année d’études.

 Initialement affecté à Montpellier, à l’Hôpital complémentaire n°3, il part sur le front sur sa demande, d’abord dans une ambulance d’une division d’infanterie algérienne, puis rejoignant le 4ème bataillon du 3ème régiment de tirailleurs algériens, régiment d’élite, comme médecin auxiliaire, à partir du 17 juin 1915. Sa conduite y fut exemplaire, au point que sa bravoure et son dévouement devinrent légendaires dans son régiment. Sa foi religieuse profonde l’aida à surmonter ses peurs et ses angoisses, comme il l’écrivit dans son carnet au moment de la bataille de Champagne en septembre 1915. Il y obtient sa première citation.

Il fait par la suite plusieurs séjours dans l’enfer de Verdun. Il est blessé à la côte du Talou en février 1916, refusant d’être évacué, ce qui lui vaut une deuxième citation. Il  va effectuer au total quatre séjours à Verdun (Avocourt, Fleury, Douaumont).

 C’est lors de son quatrième séjour à Verdun que sa vie trop brève s’achève, à l’âge de 22 ans.

Dans le secteur de Douaumont, il est mortellement blessé par un éclat d’obus le 14 novembre 1916 et meurt le lendemain de ses blessures à l’ambulance 12/20 du Centre Hospitalier de Fontaine-Routon, à Souhesmes. La médaille militaire vint s’ajouter à sa croix de guerre avec la citation suivante: « Modèle de bravoure et de dévouement. A fait preuve depuis le début de la campagne d’un calme et d’un sang-froid remarquable, en pansant les blessés sous les plus violents bombardements. Déjà blessé, vient d’être atteint d’une nouvelle blessure à son poste. Trois fois cité à l’ordre. » 

Gaston Giraud, futur doyen, médecin auxiliaire en poste au front, écrivit dans ses notes: « Warnery est tombé à Verdun. Notre anémie sera grande » Il employait le terme médical d’anémie, car il savait que la guerre provoquait une effroyable hémorragie dans toutes les classes de la société et que tous ces hommes disparus manqueraient terriblement

Initialement inhumé au cimetière militaire de Souhesmes, Maurice Warnery  fut ré inhumé à Montpellier au cimetière protestant en mai 1922 en présence de représentants du conseil de la Faculté et de membres de la Société des Sciences médicales et biologiques.

Le bulletin de la Société mentionnera dans chacune de ses parutions, de 1919 à 1939, la mémoire de Maurice Warnery, au côté de son aîné Edouard Salager.

Nathan Leroy a ensuite lu la biographie de M. Edmond SALAGER

Edmond Salager nait le 16 septembre 1874 à Mèze où son père est huissier. Il passe son baccalauréat ès-lettres puis ès-sciences en 1892. Il étudie la médecine sans interruption  de 1892 à 1896. Dégagé de ses obligations militaires pour raisons médicales, il suit une riche carrière universitaire et hospitalière. D’abord nommé aide de clinique des maladies des vieillards au concours de1897, il passe ses derniers examens de médecine et  soutient sa thèse  le 3 juin 1899, sous la présidence du Professeur Carrieu, inspirée par le Professeur Virès intitulée De l’Antagonisme Morbide, avec mention très bien. Il participe en 1900 à l’édition des Leçons de clinique médicale faites à l’hôpital général de Montpellier. Il s’oriente ensuite vers les maladies mentales, et obtient en 1904 une licence ès-lettres de philosophie consacrant son mémoire à Francisque Lélut, un des précurseurs de la psychologie contemporaine. Il est nommé chef de clinique des maladies mentales et nerveuses au concours de 1904. Membre de la Société des Sciences Médicales de Montpellier, il publie ses travaux dans diverses revues tant neurologiques que de médecine expérimentale ou d’anatomie pathologique. Il obtient les palmes académiques en 1907. En 1908 il est admissible au concours de l’agrégation en pathologie interne et médecine légale mais ne parvient pas au grade d’agrégé. Il est alors médecin adjoint de l’asile des aliénés dans le service du professeur Albert Mairet. Il devient chef du laboratoire de psychologie à la clinique des maladies mentales et nerveuses en 1909, nommé sur concours préparateur de médecine légale la même année, et de ce fait chargé de cours et conférences à la Faculté de droit  puis  chef du laboratoire de psychologie expérimentale,  En 1910, il est le co-auteur de La folie hystérique, avec Albert Mairet. 

            Pendant ce parcours, il aura épousé en 1906 Jeanne Marie Brézet. Le couple aura trois enfants, Annette en 1907, Paule en 1909 et plus tard Jacques, en 1915. La famille demeure 2 rue de l’Ancien courrier

            Mobilisé le 2 août 1914, Edmond Salager est d’abord infirmier militaire de l’armée auxiliaire puis rapidement affecté comme médecin traitant  à l’Hôpital Complémentaire n°2 à Montpellier, Sur sa demande, il est classé service armé et affecté à la 16eme section d’infirmiers militaires et à l’Hôpital complémentaire n°1. Il est nommé médecin-aide major de 2ème classe ce qui lui donne le statut d’officier. Il assure ensuite le service de la place de Pézenas. Il est enfin affecté au groupe de brancardiers divisionnaires de la 37e division d’infanterie à la veille de la 2e bataille de Champagne, le 24 septembre 1915, dans le secteur de Suippes. Cette grande offensive lancée sans préparation suffisante, sera un nouvel échec.

Edmond Salager est tué avec deux brancardiers le 28 septembre dans le bombardement de Saint-Hilaire-le Grand. Il est cité à l’ordre de la division : A rejoint le 24 septembre sa formation exposée en permanence à un violent bombardement. A été tué à son poste le 28 septembre . Il reçoit la croix de guerre et plus tard la médaille militaire à titre posthume

            Après exhumation de sa sépulture provisoire, il est inhumé dans le carré militaire du cimetière communal de Saint-Hilaire-le Grand.

            Jusqu’en 1939 sa mémoire est évoquée sur chacune des éditions du Bulletin de la Société des Sciences médicales et biologiques de Montpellier et du Languedoc Méditerranéen qui reparait en 1919, avec la mention suivante :

                                    Tués au front des armées pour la France.

                           Le Docteur SALAGER, préparateur à la Faculté.

                           Maurice WARNERY, externe des hôpitaux                                                                                

             Membres de la Société des Science médicales de Montpellier

Madame la Doyenne a lut l’appel des morts de 14-18 mais aussi de 39-45 et des théâtres d’opérations extérieures

Madame Aben et Monsieur Marcou pour les Ordres nationaux , Madme la Doyenne, Monsieur Lamou et deux étudiants ont ensuite déposé les gerbes.

l’OSEM a poursuivit cette commémoration par un roulement de tambour « Aux Morts » avant que l’assemblée ne respect une minute de silence.

Puis l’OSEM a entamé « la Marseillaise ».

Pour finir Madame la Doyenne remercie l’auditoire, les personnes engagées dans l’organisation de la cérémonie, présente l’Orchestre Symphonique des Etudiants de Montpellier (OSEM), et est allée saluer Mesdames et Messieurs les porte-drapeaux.

Cette cérémonie a revêtu un émotion toute particulière alors que Anne et Michel TOUZERY de la famille de Pierre SALAGER était parmi nous, ainsi que Madame BARJON GIRAUD, fille du Doyen Gaston GIRAUD.

Vous trouverez ci-après quelques photos de l’évènement.