Le parvis
La Faculté de Médecine de Montpellier, plus ancienne faculté au monde : un héritage préservé
Fondée le 17 août 1220, la Faculté de Médecine de Montpellier est la plus ancienne du monde.
Montpellier est la seule à avoir conservé son activité continue, même pendant la période troublée de la Révolution française. À cette époque, alors que toutes les universités de France sont fermées entre 1792 et 1794, la Faculté de Médecine de Montpellier parvient à maintenir ses activités grâce au soutien de la municipalité, remplaçant le financement royal.
Les archives de la faculté conservent encore les statuts de 1220, prouvant ainsi l’ancienneté et la continuité de cette institution. Ces statuts, rédigés sous l’égide du pape Honorius III, garantissent aux étudiants et aux enseignants un cadre juridique solide, précurseur de ce qui deviendra plus tard le système universitaire moderne.
Les statues de Barthez et de Lapeyronie : symboles de la médecine et de la chirurgie à Montpellier
Devant les statues de Paul Joseph Barthez et de François Gigot de Lapeyronie, deux figures emblématiques de la médecine et de la chirurgie à Montpellier, nous sommes invités à réfléchir à la relation entre théorie médicale et pratique chirurgicale. Ces statues, érigées au XIXe siècle, témoignent de la richesse intellectuelle et pratique de la Faculté de Médecine de Montpellier.
Paul Joseph Barthez : le philosophe médecin du vitalisme
Paul Joseph Barthez (1734-1806) est l’une des grandes figures de la médecine montpelliéraine. Représenté en habit académique de médecin, avec son camail sur les épaules, il est particulièrement connu pour avoir développé la théorie du vitalisme, une approche qui soutient que la santé et la maladie résultent de forces vitales qui animent le corps. Barthez, dans son célèbre ouvrage « Nouveaux éléments de la science de l’homme », intègre cette vision holistique de la médecine, inspirée par les idées d’Hippocrate, où l’équilibre de l’humain avec son environnement est central.
Barthez est également un philosophe des sciences, ayant contribué à l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert. Ses idées sur le néo-hippocratisme influencent encore aujourd’hui la manière dont la médecine montpelliéraine est perçue, favorisant une approche globale et intégrative du soin.
François Gigot de Lapeyronie : le chirurgien fondateur
À côté de Barthez, on trouve la statue de François Gigot de Lapeyronie (1678-1747), un chirurgien de renom. Représenté avec des instruments de chirurgie à ses pieds, Lapeyronie est connu pour avoir fondé l’Académie royale de chirurgie en 1731, institution qui a permis à la chirurgie de se distinguer des pratiques des barbiers et d’acquérir un statut académique. Chirurgien en chef de l’hôpital Saint-Éloi à Montpellier, puis premier chirurgien de Louis XV, il a joué un rôle majeur dans l’évolution de la chirurgie en France, notamment en élevant cette discipline au rang de science.
Lapeyronie est également le fondateur du Collège royal de chirurgie de Montpellier, situé à l’Hôtel Saint-Côme. Ce bâtiment servait de lieu d’enseignement pour les chirurgiens et symbolisait leur indépendance par rapport à la médecine traditionnelle. Les chirurgiens n’y sont restés que 50 ans, car après la Révolution française, les Écoles de Santé unifièrent l’enseignement de la médecine et de la chirurgie, permettant aux étudiants des deux disciplines de suivre un même cursus.
Théorie et pratique : une fusion indispensable
Les statues de Barthez et Lapeyronie illustrent bien la relation essentielle entre théorie et pratique dans l’histoire de la médecine à Montpellier. La théorie, représentée par Barthez et son vitalisme philosophique, et la pratique, incarnée par Lapeyronie et ses avancées en chirurgie, ne peuvent être dissociées. Depuis les statuts de 1220, la faculté a toujours exigé que les étudiants complètent leur formation théorique par un stage chez un praticien, ancrant la médecine dans la réalité clinique et dans une approche pédagogique par la pratique.
Le rôle de l’éthique médicale et de la relation soignant-soigné
En plus de l’aspect technique et scientifique de la médecine, les étudiants montpelliérains sont formés à comprendre l’importance de l’éthique médicale et de la relation entre soignant et soigné. Ce lien est essentiel, car la médecine n’est pas seulement une science ; c’est également une relation humaine qui nécessite de la compassion et de l’écoute.
L’éthique clinique est au cœur de l’enseignement dès la deuxième année, avec des cours qui abordent des concepts comme le respect de la dignité du patient, le secret médical et la nécessité de maintenir un lien de confiance. Cette approche, qui allie savoir-faire et savoir être, est un des piliers de la formation médicale à Montpellier.
Le cadran solaire et l’inscription d’Hippocrate : une réflexion sur le temps et l’art médical
À proximité des statues de Barthez et de Lapeyronie se trouve un cadran solaire arborant une inscription en grec ancien, une citation célèbre d’Hippocrate : H TEXNH MAKPH (Ê teknê makrê) « L’art est long », constitutif du premier aphorisme d’Hippocrate (L’art est long, la vie est courte, l’occasion fugace, l’expérience trompeuse, et le jugement difficile.)Cette phrase fait référence à la difficulté et à la longueur de la formation médicale, une profession où l’apprentissage se poursuit tout au long de la vie.
Le cadran solaire est non seulement un symbole de la relation au temps dans l’exercice de la médecine, mais il rappelle également l’importance de la formation continue. En effet, même aujourd’hui, la formation médicale continue est un principe inscrit dans le code de déontologie, obligeant les médecins à se perfectionner tout au long de leur carrière.
Cette idée est centrale dans la tradition montpelliéraine : on ne cesse jamais d’apprendre en médecine. Le cadran solaire, avec son inscription, sert à rappeler aux étudiants et aux praticiens qu’il s’agit d’un engagement à vie. Cette perspective est également reprise dans la tradition montpelliéraine de la Faluche, où l’on choisit de ne pas enterrer sa faluche à la fin des études, symbolisant le caractère infini de l’apprentissage médical.
Le néo-hippocratisme et Paul Joseph Barthez : l’héritage d’Hippocrate à Montpellier
Le néo-hippocratisme est un courant médical qui émerge à Montpellier au XVIIIe siècle, sous l’influence du médecin et philosophe Paul Joseph Barthez. Ce mouvement se base sur les principes d’Hippocrate, en particulier son idée d’une médecine globale, tenant compte non seulement des symptômes, mais aussi du milieu naturel et de l’équilibre des humeurs du corps.
Barthez, dans son ouvrage majeur « Nouveaux éléments de la science de l’homme », reprend ces idées pour les adapter aux découvertes de son époque, en particulier dans le domaine de la biologie et de la chimie. Il est à l’origine du vitalisme, une théorie selon laquelle la santé repose sur un équilibre subtil entre l’organisme humain et son environnement.
À Montpellier, cette conception hippocratique de la médecine et de la nature a perduré depuis la fondation de l’Université, notamment à travers le Jardin des Plantes, fondé en 1593 par Pierre Richer de Belleval. Ce jardin n’était pas seulement un lieu d’étude des plantes médicinales, mais aussi un lieu d’observation des écosystèmes et du climat, en lien avec l’idée que l’environnement influence la santé humaine, une idée chère à Hippocrate.
L’architecture défensive et la vie universitaire médiévale
Le bâtiment de la Faculté, construit à l’origine pour les étudiants, a une silhouette de forteresse en raison du contexte du XIVe siècle. À l’époque, la région est ravagée par les conflits de la guerre de Cent Ans et la menace constante des compagnies de mercenaires. Ce contexte explique la construction du bâtiment contre les remparts de la ville. En 1850, le bâtiment sera agrandi en construisant une nouvelle aile pour le conservatoire d’anatomie. Cette aile sera construite à l’emplacement des anciens remparts, détruits pendant le siège de Louis XIII en 1622. Reste le vestige de la tour des pins, parfaitement alignée sur l’aile du conservatoire d’anatomie.
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Ces éléments défensifs, comme les machicoulis (éléments de défense en haut des murailles), ont été conservés ou reproduits pour rappeler le caractère militaire du lieu. Cependant, les machicoulis du conservatoire sont purement décoratifs, contrairement à ceux de la Tour des Pins.
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