Salle des Actes
A Montpellier, les étudiantes et les étudiants revêtent pour ce moment solennel la robe de Rabelais, ancien étudiant et enseignant de la Faculté, dont une copie du 19e est conservée dans la salle.
Ancienne salle du conclave des évêques, c’est depuis plus de 200 ans le lieu de soutenance des thèses sous le regard des 91 tableaux des professeurs du 19e, et « sous l’effigie d’Hippocrate », buste antique offert à la Faculté par Bonaparte en 1801.
La Salle des Actes, dédiée à Hippocrate, le père de la médecine moderne, est un lieu de forte symbolique historique. Hippocrate, médecin grec du Ve siècle avant J.-C., est un pionnier de la médecine rationnelle. Avant lui, la médecine était principalement magique, fortement influencée par des croyances religieuses et des pratiques rituelles.
Hippocrate a introduit l’idée que les maladies avaient des causes naturelles et non divines, marquant ainsi le passage à une approche scientifique de la médecine.
Dans cette salle, on trouve un buste d’Hippocrate, offert à la faculté par Napoléon Bonaparte le 3 juin 1801, à l’initiative de Jean-Antoine Chaptal, ancien professeur de chimie à Montpellier et homme d’État sous Bonaparte. Ce buste, datant du Ier ou IIe siècle après J.-C., est une représentation précieuse de l’héritage médical antique.
Les bustes d’Asclépios et Hygie : symboles de la médecine antique
En plus du buste d’Hippocrate, la salle abrite les bustes de Asclépios (Esculape) et de Hygie, deux figures essentielles de la mythologie médicale grecque. Asclépios, fils d’Apollon et dieu de la médecine, est souvent représenté avec son bâton, enroulé par un serpent, symbole de la guérison et du savoir médical. Hygie, sa fille, est la déesse de la santé et de la prévention, tandis que sa soeur Panacée incarne le remède universel. Ce sont les figures symboliques qui forment la trinité de la pensée médicale antique : la guérison (Asclépios), la prévention (Hygie) et le traitement (Panacée).
Chaptal a fait réaliser ces bustes, qui sont un rappel de l’héritage intellectuel de la médecine antique. Il est à noter que le coprus hippocratique fut enseigné officiellement à Montpellier de la fondation de l’Université jusqu’à la Révolution, et que Barthez théorisera le vitalisme, doctrine « néohippocratique » faisant la jonction entre Hippocrate et les sciences modernes du XVIIIe siècle (chimie, biologie).
L’histoire d’Asclépios et la médecine magique : des sanctuaires aux médecins asclépiades
Dans l’Antiquité, la médecine était d’abord liée à la religion. Les sanctuaires dédiés à Asclépios, comme celui d’Épidaure, étaient des lieux où les patients venaient pour recevoir des soins. Ces soins reposaient sur des rituels, où les malades buvaient des tisanes, priaient, faisaient des rêves qui étaient ensuite interprétés par des prêtres pour déterminer le traitement. Il s’agissait donc d’une médecine magique.
Cependant, les Asclépiades, descendants d’Asclépios, étaient une lignée de médecins, non de prêtres, qui pratiquaient une médecine plus empirique et rationnelle, bien que toujours ancrée dans une filiation divine. Hippocrate appartient à cette lignée et est le premier à formuler une médecine fondée sur des principes rationnels, en rupture avec la pensée magique.
L’architecture de la Salle des Actes : une chapelle transformée en lieu dédié à la médecine
La Salle des Actes est un lieu unique à Montpellier. À première vue, son architecture rappelle celle d’une chapelle, et pour cause : il s’agissait initialement de la chapelle privative des évêques de Montpellier et de la salle synodale (ou se réunissait le conseil de l’évêque) avant d’être transformée en salle solennelle pour les soutenances de thèse et les cérémonies de la faculté. Des fresques (grises) représentant des saints patrons comme Saint Charles Borromée et Saint Paul ornent les murs, témoignant de cette origine religieuse.
Sur la voûte, on peut observer des grisailles (peintures monochromes) qui rappellent cette époque ecclésiastique. Pourtant, la salle a été transformée en 1804 en un lieu dédié à la médecine, un espace où l’héritage d’Hippocrate se mêle à l’histoire chrétienne du bâtiment.
Un des éléments marquants de cette salle est la robe de Rabelais, une toge rouge traditionnelle que l’on associe à l’illustre écrivain et médecin François Rabelais, qui étudia à la Faculté de Médecine de Montpellier au XVIe siècle. Cette robe, mentionnée dans les archives dès 1612, est entourée d’une anecdote particulière : au fil des ans, les étudiants en prenaient symboliquement des morceaux, probablement pour conserver une part de l’héritage de Rabelais et de l’institution. Cette pratique s’inscrivait dans une forme de vénération pour la tradition académique.
Avec le temps, la toge était devenue abîmée et usée. Le doyen Ranchin, au XVIIe siècle, décide de la restaurer. Dans ses profession de foi avant son élection, il promet de faire refaire la robe de Rabelais, ce qui témoigne de l’importance de ce symbole dans la communauté universitaire montpelliéraine. Il s’agit d’un des plus anciens exemples d’une toge doctorale associée à un personnage historique, dont la préservation incarne la pérennité des traditions académiques de Montpellier.
Cette robe rouge, portée lors des cérémonies solennelles, a été transmise et restaurée au fil des siècles, faisant le lien entre l’histoire riche de la faculté et la modernité de son enseignement. Aujourd’hui, elle reste un symbole d’unité et d’authenticité pour la communauté académique, portant en elle l’héritage de Rabelais et des premières générations d’étudiants.
Le serment d’Hippocrate : de l’Antiquité à Montpellier
Le serment d’Hippocrate, rédigé vers le IVe siècle avant J.-C., est l’un des textes fondateurs de l’éthique médicale. À Montpellier, ce serment a pris une importance particulière. En 1804, un nouveau serment inspiré d’Hippocrate est introduit pour les nouveaux docteurs de la faculté, marquant un tournant dans la formation médicale moderne. C’est le premier exemple d’un serment assermenté de manière systématique dans une faculté de médecine.
Ce serment, bien qu’adapté au fil des siècles, demeure une référence incontournable pour les étudiants en médecine de Montpellier. Il met en avant l’éthique, la probité, le secret médical, le caractère familial de la communauté médicale, et la transmission du savoir, des valeurs encore fondamentales dans la formation des médecins aujourd’hui.
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