Salle du Conseil
La Salle du Conseil : un lieu de mémoire et de tradition universitaire
La Salle du Conseil de la Faculté de Médecine de Montpellier est un lieu emblématique, mêlant histoire et tradition académique.
Cette salle n’a pas toujours été consacrée à l’administration universitaire. À l’origine, elle faisait partie de l’ancienne résidence des évêques de Montpellier.
Elle a peut être servi de Salle du conclave où les évêques tenaient des réunions importantes. Certains ont pensé qu’elle était autrefois un salon de musique, en raison des décorations représentant des instruments de musique au-dessus de la cheminée. Toutefois, il est plus probable que cette salle ait été utilisée pour des délibérations importantes plutôt que des événements musicaux.
Les scènes pastorales et instruments agraires dans les décorations sont typiques du style Louis XVI.
Aujourd’hui, cette salle est utilisée pour les réunions du conseil de la faculté, où sont prises les décisions importantes concernant la gouvernance de l’institution.
Les nombreux portraits, bustes et décorations rappellent les grandes figures de l’histoire de la médecine montpelliéraine.
La continuité de l’enseignement médical : un symbole fort
L’une des premières idées évoquées dans cette salle est la continuité ininterrompue de l’enseignement de la médecine à Montpellier, contrairement à d’autres disciplines comme le droit. Pendant la Révolution française, bien que l’enseignement du droit ait été suspendu pendant plus de 80 ans, la Faculté de Médecine a continué à fonctionner, même durant les années difficiles de 1793-1794. Cette continuité a permis à Montpellier de préserver ses traditions académiques, notamment le port des costumes universitaires, comme le camail, une pèlerine symbolisant le statut des professeurs.
Dans le cas des juristes, la reprise de l’enseignement en 1880 s’est accompagnée d’une tentative de restaurer certaines traditions, mais sans réussir à les maintenir avec la même rigueur que les médecins. Néanmoins, la Faculté de Droit opère depuis plusieurs années un travail patrimonial conséquent, et le camail a été réadopté depuis peu dans cette continuité.
Le buste de Jacques Mathieu Delpech : une figure tragique de la chirurgie montpelliéraine
Dans cette salle se trouve un buste de Jacques Mathieu Delpech, un éminent chirurgien du XIXe siècle, connu pour ses contributions à la chirurgie esthétique et à la prévention des infections nosocomiales (infections post-opératoires). Delpech est considéré comme un pionnier de la rhinoplastie, une avancée majeure pour son époque.
Cependant, sa carrière s’est terminée tragiquement lorsqu’il fut assassiné par l’un de ses anciens patients en 1832. Ce patient, souffrant de paranoïa, accusait Delpech d’avoir violé le secret médical en révélant qu’il ne pourrait plus avoir d’enfants après une opération. Cette accusation était totalement infondée, et Delpech était connu pour son respect des règles éthiques. Toutefois, le patient, déjà condamné pour des actes violents dans le passé, le tua avec un fusil.
Le buste de Delpech dans la Salle du Conseil rappelle cet événement tragique, mais surtout son apport à la chirurgie moderne. Une statue de Delpech se trouve également dans le parc de l’Hôpital Saint-Éloi, en hommage à son travail dans cet établissement.
Le tableau de Lapeyronie : une transition entre la chirurgie et la médecine
Un autre personnage majeur représenté dans cette salle est François Gigot de Lapeyronie (1678-1747). Chirurgien montpelliérain de renom, Lapeyronie a fondé l’Académie royale de chirurgie et fut le premier chirurgien de Louis XV. Dans son tableau, il est représenté en costume civil avec la robe rouge des médecins posée à son côté, bien qu’il ait d’abord été chirurgien. Ce détail symbolise l’époque où les chirurgiens accédaient progressivement au même statut que les médecins, marquant une évolution majeure dans la reconnaissance de la chirurgie comme science à part entière.
Le tableau illustre ainsi la montée en prestige de la chirurgie au sein de la médecine, un processus que Lapeyronie a contribué à renforcer par ses actions et son influence. Il est également le fondateur du Collège royal de chirurgie de Montpellier, situé à l’Hôtel Saint-Côme, qui fut un centre d’enseignement exclusif pour les chirurgiens jusqu’à la Révolution.







